mardi 19 février 2013

Douarnenez, deuxième jour


Petit déj la porte grande ouverte, en écoutant les oiseaux dans la haie et un âne (ou un cochon, ou un monstre) braire. Plein de corbeaux noirs qui s’envolent en flèche. Et des moineaux juste devant la fenêtre.
Avec Isabelle, on va rencontrer Carole, du comité des Gras, dans la salle des fêtes au premier étage des Halles, qui nous présente tout le monde et nous explique le programme. Bénévoles et comité mangent sur une longue table. Rendez-vous déguisées à 16h, devant l’horloge, pour l’arrivée du Den Paolig qui défilera ensuite dans toute la ville.

J’enfile mon manteau, mes bottes, coiffe mon chapeau, et mets mes bottes, mon foulard et mes lunettes fumées : avec Isabelle, super cow-girl à cheveux rouges, on suit le Den Paolig et son équipe jaune et verte au son de la fanfare “A bout de souffle” qui galope sur hauts talons : quels hommes, non, quelles femmes, non, quelles… créatures qui rient :  “Mon collant arrête pas de glisser. Je comprends pourquoi vous en mettez plus.” 
A la pause mi-parcours, on fait la connaissance de Maryvonne qui nous raconte ses Gras, son plaisir de les préparer, depuis si longtemps, de changer de costume chaque jour, de danser costumée. Accrochage de la statue au fronton des Halles, la foule applaudit et déguste le Kouign des Gras, tiède et parfumé. 

Puis les filles de TTT arrivent de Quimper. Elles viennent avec Isabelle manger des nouilles du Nevada dans mon gîte avant qu'on parte faire la tournée des bars du centre et du port : yihaa ! Elles aussi sont déguisées en Far Ouest : deux danseuses de saloon, une cow-girl à chapeau bleu et une lampe de saloon, vrai succès de la soirée.
J’ai l’impression de jouer dans Star Wars, quand Han Solo va négocier son vaisseau : dans chaque bar ou dans la rue, la norme, c’est l’anormal, l’alien ou le super héros.

Détails techniques 1 : les barbes, c’est pas cool pour boire. Ni les costumes de Lego, pour se rhabiller aux toilettes.

De temps en temps, on se pose quelque part, juste pour le plaisir de regarder les groupes les plus étonnants passer : 
- une magnifique grappe de raisin violette, finira-t-elle la soirée intacte ? 
- une voiture rouge en kit qui se rassemble à quatre pattes par magie. 
- un cosmonaute à bottes en papier alu qui scintillent et se délittent. 
- pantalon dans ses chaussettes, Louis 13 nous raconte Versailles, se drape dans sa cape et part rejoindre ses potes à la fête foraine. 
- beaucoup d’animaux, des anges et des démons, plein de cow-boys. 
- des indiens de deux bandes diférentes se rencontrent dans la nuit : “Rha-mô-khô-ha !” …

Les danseurs s’emballent. Les groupes tournent autour des rares passants non déguisés en martelant : “Gourou lapin ! Gourou lapin !” (pourquoi ?) Un lapin géant, justement, soulève son masque pour rajuster ses lunettes de vue. Des cochons, masque relevé sur le front, plissé comme le cœur géant porté par un autre sur la tête, en mutation. 
Les corps titubent, glissent contre les murs, tombent comme des sacs, s’endorment sur place, zigzaguent, rient, chantent en se tenant par les épaules. Une bande de femmes à talons marche vers un mur pour relever d’un même geste les mini-jupes et pisser. Les bouteilles roulent sur les pavés, nos pieds écrasent des gobelets, l’odeur des bombes de peinture par terre, le soufre des pétards, la pluie s’y met, allez on rentre.

2h20 du matin : Trop mal aux pieds… Comment tout ça va-t-il entrer dans ma pièce ou même, la faire naître ? Aucune idée. Mais c’est une ambiance si étonnante que ça va sûrement marcher.

Karin Serres

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