J’ai fait un rêve très drôle cette nuit : j’étais dans
un théâtre, je sentais un drôle de truc sur ma tête qui me tirait les cheveux
alors j’allais me regarder dans le miroir d’une loges et là, je me rendais
compte que j’avais une coiffure vraiment étrange : comme s’ils étaient
devenus vivants, tous mes cheveux s’étaient enroulés tout seuls en spirale, en
chignon mouvant, pile au sommet de mon crâne : une coiffe bigoudène faite
de mes propres cheveux était en train de me pousser sur la tête !!!
mardi 14 mai 2013
mardi 9 avril 2013
vendredi 1 mars 2013
En attente de noms
Je suis plongée dans l'écriture (une vingtaine de pages), et l'absence de noms pour mes personnages m'énerve. Je pense d'abord les appeler provisoirement "fille" et "garçon". Mais quand je ferai un "remplacer" général, une fois leurs noms trouvés, ça risque d'être une catastrophe, car tous les "fille" et "garçon" seront remplacés, même dans d'autres phrases, ou bien il faudra que je les remplace un par un…
Idée : comment ça se dit en breton ? A partir de maintenant, mes deux personnages s'appellent provisoirement "merc'h" et "paotr".
Idée : comment ça se dit en breton ? A partir de maintenant, mes deux personnages s'appellent provisoirement "merc'h" et "paotr".
Karin Serres
mardi 26 février 2013
Le Guilvinec, cinquième jour
Me réveiller avec les cloches de 7h, écouter l’horoscope de
Nostalgie, fermer les portes en levant bien la poignée, pédaler sur la route du
collège dans le jour à peine levé, ranger mon vélo dans le placard du
secrétariat, bavarder tranquillement avec les enseignants dans leur salle avant la sonnerie, monter l’escalier
jusqu’à la salle 117, boire le petit café de 10h21, observer le retour des chalutiers sur la
terrasse de la Criée… étonnant comme on prend vite de nouvelles
habitudes, déjà terminées pour ce mois-ci.
8h26 : je rencontre les 6°D, avec Roseline, leur
enseignante de sports. Ils voudraient du théâtre d’horreur et fantastique, avec
des zombies auxquels on coupe les têtes dans des flots de ketchup, des
vampires, de la peur, de la souffrance mais aussi de l’humour, avec des
squelettes par exemple, et de la beauté, comme la neige qui tombe. Ils détestent quand c’est
ennuyant. On pourrait ajouter de la danse aussi, des tsunamis, et que le héros
meure à la fin, mais avec un coup de théâtre (ce serait son frère jumeau), et
du rap, et un bateau sur scène…
Flore nous rejoint et participe à la discussion.
J’apprends ce que sont les pousse-pieds, à la pêche et la dégustation si brève, ou bien la pêche à la mitraillette et “chez Kermounette”. On parle de tout ce qu’ils
construisent dans le sable, l’été, des châteaux, des tunnels, des barrages. De l’autre côté de la mer,
parfois, il y a un trou : on tombe. Et on finit la conversation sur les
vipères coupées en 3 par un vélo…
10h31 : je rencontre les 4°C, avec Armelle, leur enseignante de
français. Le souci du théâtre pour eux tourne beaucoup autour de la question de
l’âge : pas de spectacle compatible avec des CP, par exemple. Sinon, il
faut un minimum d’action, des sentiments, de l’émotion, et de la musique (du
rap), pendant 1h30 (durée idéale). Discussion très sensorielle, autour des
produits de la mer (trop appétissants !), des sons de l’océan, des
endroits exceptionnels, ils sont nombreux à pêcher et passent leur temps dans
l’eau, l’été. De l’autre côté de la mer, ça s’arrête, on tombe, ou bien il y a
de grandes cascades, et des gens qui se posent les mêmes questions que nous,
mais en américain. L’été, on se retrouve sur la plage, on fait des feux où
griller des marshmallows ou on marche seul. On finit la conversation sur les
sensations encore : les textures du sable, des rochers, la chaleur du
soleil dans notre dos, le le vent qui souffle, le fracas des vagues sur la
digue…
Au déjeuner (potée au chou, crevettes d’élevage mais d’ici),
on parle avec des enseignants non natifs d’ici de leurs étonnements
d’arrivants, de leurs plaisirs aussi, de l’enseignement.
Puis je rentre faire
mes valises, et Yannick, le régisseur du CLC, m’emmène en voiture à Quimper en me
racontant ses sorties en kayak de rivière ou de mer, et ses voyages dans les tribus primitives du monde entier et .
16h14 : départ du TGV. 16h28 : arrêt en pleine
voie pour panne de matériel. Une demi-heure plus tard, on repart. Est-ce à
cause du retard ? A Rennes, le train se vide presque en entier.
De cette deuxième semaine de résidence dans le Finistère (ma première au Guilvinec), je rentre chargée d’impressions fortes et d’une
foule de détails sensoriels et humains, en tout genre, qui vont bientôt prendre
forme, se rapprocher les uns des autres, pour bâtir des dialogues plus longs,
des moments continus. Le tout, c’est de ne rien brusquer, de laisser le temps à
toutes ces pièces de puzzle de trouver leurs proches.
Pour le moment, dans ma tête,
il y a un garçon et une fille (sans nom encore) qui se connaissent depuis tout
petits, se croisent pendant des années au bord de la mer, jusqu’à quel âge ?
et vont vivre des vies pleines de cahots et de retournements, en se courant
après. Il a les yeux jaunes et vient d’ailleurs, elle est née au bord de l’océan
et va devenir astrophysicienne.
Karin Serres (à suivre…)
Le Guilvinec, quatrième jour
Réveil à 7 heures, dur de me lever, la propriétaire vient gentiment
vérifier que j’ai allumé, oui oui. Je rate l’horoscope, peu importe. Vélo dans
le matin frais, ça réveille.
8h26 : Je rencontre les 5°A, avec Estelle, leur enseignante
d’Histoire-Géo, animatrice du club théâtre aussi. Que faut-il mettre dans une
bonne pièce de théâtre ? Doit-elle être inventée (9 voix) ou réaliste
(19) ? Se passer maintenant (3) ou à une autre époque (21) ? On part
sur le futur intergalactique de la mer et du Guilvinec en particulier, ça
fuse ! puis la parole tourne : quelle est la nourriture idéale face à
la mer ? Du salé au sucré, c’est très précis, tout le monde acquiesce et salive.
Notamment aux kwinns, les crêpes épaisses de Marikette, qui met la plaquette
(de beurre). Que pensez-vous qu’il y a de l’autre côté de la mer ? Pour
beaucoup, l’Amérique, sinon l’eau infinie. Et face à l’horizon, partir ou
rester ? Quand c’est la tempête, l’écume mousse et couvre les rues, on
dirait qu’il neige.
10h31 : je rencontre les 5°B, avec
Mme Boët, leur enseignante d’Arts plastiques, dans sa salle toute neuve.
Une bonne pièce de théâtre dit être drôle, avec de la musique liée aux
situations (= du violon quand c’est triste), une histoire claire, des effets
spéciaux, l’accent breton, peut-être, du breton même (non, on comprend
pas. / Si !) Déchaînement contre les touristes, qui prennent les tortillons
de sable des couteaux pour des crottes de mouettes et créent des bouchons quand
il pleut. Cette classe semble très proche des animaux. La correspondante
d’Ouest-France vient prendre des notes pour un futur article. De l’autre côté
de la mer, il y a l’Amérique mais aussi d’autres mondes parallèles, leur
avenir, l’amour de leur vie… On finit sur les liens entre le théâtre et les
marins, science des cordages et superstitions partagées.
Au déjeuner (poulet petits-pois), nouvelle discussion avec
les enseignantes, les différences d’ambiance entre les classes, les âges de ces
enfants qu’ils voient devenir adolescents. En vidant mon plateau, je remarque
toutes les rondelles de pain évidées sur ceux de mes jeunes voisins. Ecrivaine
publique au CDI, pas de demande : j’admire tous ces lecteurs silencieux,
immobiles, sourcils froncés, totalement transportés ailleurs par leur lecture.
15h : rendez-vous au CLC avec Joseph Coïc, l’auteur du
livre sur la flotille du Guilvinec et Michel Le Roy, l’animateur du groupe
Pregomp brezhoneg (parlons breton) qui se réunit un jeudi sur deux, pour le
plaisir de discuter. J’ai de la chance, aujourd’hui ils fêtent les Gras, tout
le monde ou presque sera là. Nous parlons noms de bateaux, de zones de pêche,
vitalité et spécificités de la langue bretonne, et “startijenn”, cette énergie
d’ici qui veut dire aussi joie de vivre.
16h : Joseph et Michel m’entraînent dans une grande
salle aux tables en O derrière lesquelles une trentaine d’hommes et de femmes
sont déjà installés avec assiette et verre, et corbeilles de ce qui semble être
une brioche tranchée (le pain doux). La porte franchie, interdit de parler
français ! Michel m’installe à côté de lui, à présider avec quelques
autres, agite sa clochette (tout le monde se tait) et me présente en breton (je
suis une skrivériou). Tout le monde me sourit et commente en breton, moi je
souris, muette. Ils chantent à capella et on boit une première tournée de
blanquette de Limoux-kir coloré. Ça parle par petits groupes. Mon voisin
Corentin enfreint la règle pour me raconter plein de choses, puis quelques
dames apportent des plats : d’immenses tranches de jambon épais
agrémentées de quelques cornichons. Il n’est même pas 17h. “Tu laisseras le
gras”, chuchote Michel. Je me sers, même de cornichons, bois le vin rouge et
mange le pain doux qui vont avec : c’est très bon. Normalement, c’est le
chôten qu’on mange, une demi-tête de cochon, “Tu peux regarder dans les
charcuteries”, me dit Michel. Et Corentin frémit en se rappelant la sublime
odeur grillée de ce délice traditionnel.
De temps en temps, un homme se lève
pour raconter une histoire, il mime les gestes, fait toutes les voix, le public
rit. Ou bien on commente un article de journal, et on chante. Je chante même « Ar brilli braz » avec eux
(ils me trouvent les paroles), une chanson sur la pêche au maquereau, typique
du Guil. J’attrape quelques mots au vol comme j’aime faire : chonch
(penser), arzul, bugueul…
Le soleil tourne, je recule ma chaise. Re-histoire,
re-jambon, re-chanson, je baigne dans le breton. Daniel et Michel m’expliquent
les Gwerziou, ces chansons à couplets sans fin qui racontent des drames. Et ces
deux heures étonnantes et chaleureuses s’achèvent dans un moment hyper fort :
toute la salle, debout, pour chanter à capella l’hymne Bro Gozh (Oh breizh ma
bro, ô Bretagne mon pays), dont la musique est la même que celle de l’hymne
gallois. Quelle émotion !
19h35 : seule dans la véranda du Poisson d’Avril, je
regarde la nuit tomber sur la mer haute et les feux verts et rouge du port
clignoter à côté de la Criée toute éclairée. Je repense à ce que j’ai
appris : baragouiner vient des soldats bretons de l’armée de Napoléon, qui
réclamaient du pain (bara) et du vin (gwin) et que personne ne comprenait… Je
mange le premier Saint-Pierre de ma vie, excellent, cuit pile comme il faut. Parce que le
chef s’appelle Pierre ? Ou parce que sa cuisine aussi donne sur la mer,
juste derrière ses pianos ? Sur chaque table, ces veilleuses électriques
que la propriétaire de Cap Ouest avait gentiment disposées tout le long de mon
chemin mercredi soir, de la porte au haut de l’escalier, pour quand je
rentrerais.
20h35 : je lis les poèmes illustrés des 6°B.
Karin Serres
Le Guilvinec, troisième jour
Réveil à 8 heures (quelle grasse matt !). “Verseaux :
après un début de matinée plutôt grinçant, vous pourriez tomber sur une
excellente affaire”, puis “Total eclipse of the heart” et du pain frais (à
cette heure, la boulangerie est ouverte).
Deuxième thé dans ma chambre, j’écris
avant la visite de la Criée réservée hier. Un premier titre arrive tout à
coup :“Février perché”, suivi un peu plus tard par “Dix mois de Février”,
puis par l’impression qu’aucun des deux ne restera. Dans une revue achetée pour
le train, j’ai trouvé une photo de mes deux héros enfants, on dirait, en short
éponge, 3 et 5 ans peut-être ?, sourire aux lèvres, devant la porte
ouverte d’une maison. Haliotika appelle : faute de participants
suffisants, la visite de la Criée est annulée. Dommage, mais je peux continuer
à écrire.
Vers midi, je sors marcher. Je passe par chez Scarlette Le Corre
acheter des photos de tempête et du caviar d’algues. Le photographe remarque
l’écusson sur la manche : vous êtes de Coney Island ? Son fils y habite,
il étudie l’astrophysique à l’université de New-York. Tilt : voilà ce que
mon héroïne voudra faire, elle aussi, et pourquoi elle partira. En ramassant du
verre poli sur la plage, je repense aux poches pleines : on peut se noyer
à cause de ça. Alors le héros a 7 vies, pour frôler la mort mais chaque fois en
réchapper. Et il a les yeux jaunes, comme ceux d'un guépard, elle lui dira. Mais
comment s’appellent-ils ? Aucun prénom en vue, ça m’énerve.
Délicieux déjeuner au Poisson d’Avril, avec Amélie, face à
la mer : comment faire du théâtre vraiment populaire, et résister aux
courant ambiants pour défendre ce qui nous tient à cœur ? Le garçon nous
laisse sa terrasse à disposition quand il ferme, pour qu’on puisse continuer à
travailler au soleil dans ce « bureau idéal ». A 16h30,
j’entraîne Amélie sur la terrasse de la Criée pour assister au retour des
chalutiers dont je lui ai parlé avec enthousiasme, et on passe une nouvelle
heure dans le blizzard ensoleillé à partager ce moment rare.
20h : Robert passe me chercher pour aller dîner chez
lui, avec sa femme Birgita qui est suédoise d’origine. Super dîner, lieu jaune
au four, profiterolles maison, ils me racontent leur découverte (il y a 13 ans) puis leur amour pour le Guil.
Demain
après-midi, au CLC, je rencontrerai peut-être le groupe bretonnant et/ou
Joseph Coïc dont ils me prêtent “La flotille du Guilvinec”, 150 ans d’histoire
de pêche, archi-documenté, que je rentre lire dans ma chambre :
passionnant !
Karin Serres
Le Guilvinec, deuxième jour
Réveil à 7 heures au son des cloches (3, 3, puis 40 coups au
moins), j’ai super bien dormi, vive l’air de la mer, et ça ronfle dans la
chambre d’à côté. Petit déjeuner pain-délicieux beurre salé, toujours avec
Nostalgie : “Verseaux : un contact pourrait mener à un travail ou un
contrat”. A un travail, ça c’est sûr ! J’enfourche mon vélo, bonnet
enfoncé au ras des yeux et je pédale gaillardement… à 90° de la route pourtant repérée
sur le plan : rue de la Palue au lieu de rue Poul ar Palud !
Arrivée au bord de la ville, je fais demi-tour et retrouve mon chemin dans le
jour naissant… j'arrive pile à l’heure.
8h26 : je rencontre les 4°B, avec Fanny, leur enseignante d’espagnol. La
pêche, c’est dangereux, les marins-pêcheurs qui se cassent le dos, ou se
coupent pieds et mains ne veulent pas que leurs enfants les imitent. Je raconte
d’autres métiers liés à la mer, comme ceux découverts aux Ateliers de
l’Enfer : les yeux brillent. Grandes discussions sur la pêche, toutes les
pêches, tous les produits de la mer qu’on adore manger, sur la côte espagnole,
ses différences avec celle du Finistère, et sur le théâtre, ce qu’ils y rêvent,
ce qu’ils y détestent. La parole tourne : partir ou rester ?
10h31 : je rencontre les 6°A avec Claude, leur enseignante
d’anglais. C’est cette classe qui a décoré toute la salle, et même dessiné sur
le tableau un grand “Bienvenue au Rivage, Karin Serres”. Beaucoup d’élèves
écrivent des histoires, des mangas, des livres pour leurs petits frères et des
chansons (en anglais ça sonne mieux). Sur la plage, ils et elles cherchent des
« petits cochons », ou grains de café, coquillages qui portent
bonheur. La douleur d’une piqûre de vive dure le temps d’une marée. On parle
objets flottés et leurs histoires, verre poli et coquillages ramassés,
bouteilles à la mer aussi, sur lesquelles on finit la discussion : et si
on en lançait, nous aussi ? J’écrirais le texte avec la classe, on le
traduirait en plusieurs langues dans les différents cours, il faudrait étudier
les courants pour savoir où les lancer pour qu’elles aillent loin…
Déjeuner à la cantine (cabillaud-beurre blanc, pommes de
terre) en discutant des différentes cultures alimentaires (on vend les bulots
décortiqués en Angleterre !) puis je file faire l’écrivain public au CDI,
avec deux clients : une lettre de remerciements à un professeur remplaçant
et une lettre de revendications pour les toilettes, adressée au proviseur qui
vient nous photographier en pleine rédaction, sans le savoir.
13h30 : je reprends mon vélo (que le proviseur a gentiment rangé
dans le placard du secrétariat), pour retourner dans le centre.
16h-17h : Plein les yeux de beauté, tout simplement.
Marché sur la plage, ramassé des bouts de verre polis pour apporter en salle
117 et regardé sans fin les Etocs au loin et leurs étranges immeubles de pierre
en pensant aux phoques qui y vivent.
Assise au soleil sur les rochers, je
prends des notes éparpillés sur ma pièce (qulequ’un meurt, on découvre ses
poches pleines de bouts de verre poli : pour qui les ramassait-il ?),
en attendant le retour des pêcheurs côtiers. Toute en noir, phoque synthétique,
j’écoute le roulis des vagues, les appels des oiseaux affamés et le grondement
des chalutiers au loin. Le ballet va bientôt commencer.
17h15 : Les chalutiers sont
plus dispersés qu’hier, il fait si beau encore ! mais la même
effervescence, les mêmes caisses plus ou moins pleines, les poissons encore
vivants qui se débattent, un immense truc noir, qu’est-ce que c’est ? et
l’immense bouche si moche des lottes moustachues. Une fois le dernier chalutier
reparti, je marche jusqu’au port de plaisance dans la lumière dorée, jusqu’aux
tas de filets comme des bijoux de déguisement et des barbes ou perruques rouges
de géants. Quand je marche, mes pensées s’éclaircissent, les bribes s’ordonnent,
se simplifient. Je repars dans l’autre sens, en dépassant la Criée, jusqu’aux
deux bancs dans le tournant de la rue qui sont en fait pile face au soleil
couchant…
…que j’attends. Un immense calme. L’eau frise, transparente. Les
lampadaires de la pointe s’allument et le soleil disparaît dans la bande de
nuages opaques qui nappe l’horizon : ce soir, pas de rayon vert.
Je
repars, à pied toujours, pour trouver où dîner. La crêperie Ar Vag ouvre à
19h30, j’attends devant sa porte et suis la première à entrer dans cet espace
incroyable (impossible à deviner de la rue) couvert de décorations de Noël,
blanches ou bleues, du sol au plafond ! Les guirlandes clignotent ou
gouttent en circuit continu autour de plus de quinze bonshommes de Neige
luminescents de toutes tailles, et dans les rares espaces sans décoration
neigeuse, ce sont des affiches de stations de ski ! Ma soupe de poissons
scintille d’éclats bleus. Au bout d’un moment, je demande :
-
Ar Vag, ça veut dire La neige ?
Le patron rit : Non, le
bateau.
-
Mais alors, cette décoration hallucinante ?
-
Oh, on en change toutes les saisons : à
Pâques, l’été, à la rentrée des classes, Halloween…
C’est donc un fan de déguisement… de
son restaurant.
Deux enfants entrent avec leurs grands-parents, la petite fille
à lunettes veut du sirop de menthe. Tu n’aimeras pas, fait sa grand-mère. Si, j’ai déjà essayé et j'aime ça, répond-elle crânement.
Karin Serres
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